Bola Tinubu, surnommé le « faiseur de rois », a été élu président du Nigeria

Bola Tinubu, le candidat du parti au pouvoir au Nigeria, a remporté le premier tour de l’élection présidentielle mercredi, gagnant le surnom de « faiseur de rois » pour son influence significative. L’ascension au pouvoir de ce musulman multimillionnaire de 70 ans a été marquée par des accusations de corruption. Il porte l’indémodable chapeau traditionnel Yoruba, sans jamais être convaincu.

Il n’arrêtait pas de dire que son heure était venue parce que Bola Ahmed Tinubu, un politicien puissant et diviseur, avait remporté l’élection présidentielle nigériane le 1er mars malgré des allégations de fraude.

En raison de son pouvoir considérable, celui que l’on surnommait « le patron » a été élu à la tête de la nation la plus peuplée d’Afrique au premier tour à l’âge de 70 ans, selon les résultats de la Commission électorale (Inec), avec une confortable avance de près de deux millions de voix sur l’opposition.

Voici une vidéo relatant cette nouvelle :

Il s’est adressé à ses partisans réunis au milieu de la nuit à son quartier général de campagne à Abuja, déclarant une « victoire de la démocratie » et disant : « Je suis profondément honoré que vous m’ayez élu pour servir notre pays bien-aimé. Ses deux principaux rivaux, cependant, a accusé le processus de vote de fraude « massive » et a demandé son annulation, ce qui pourrait ouvrir la voie à des poursuites judiciaires dans les prochains jours ».

Avec sa victoire, ce riche musulman qui s’est battu avec acharnement pour la démocratie tout en vivant en exil pendant la dictature militaire des années 1990 est maintenant monté à tous les niveaux de la politique. Son ascension s’est accompagnée de nombreuses allégations de corruption, mais il n’a jamais été reconnu coupable.

Si Bola Tinubu était le favori il y a quelques mois, les chances ont changé récemment, notamment en raison des graves pénuries d’essence et de billets qui ont alimenté l’animosité envers le parti au pouvoir. Depuis le retour du Nigéria à la démocratie en 1999, les experts affirment que l’élection présidentielle de cette année a été la moins prévisible. Principalement à cause de la victoire inattendue de Peter Obi, favori de la jeunesse urbaine et troisième de la course de l’opposition (PDP) derrière l’ancien vice-président Atiku Abubakar.

Bastion perdu : Lagos

Son état suscite des inquiétudes dans un pays où discuter de la santé d’un dirigeant est extrêmement délicat. À la télévision, Bola Tinubu a été décrit comme faible et tremblant fréquemment en public. L’intéressé conteste en diffusant des vidéos amusantes de lui dansant ou faisant de l’exercice.

Une communication qui ne parvient pas à rassurer les Nigérians, comme en témoignent les fréquents déplacements à l’étranger du président sortant Muhammadu Buhari pour le traitement d’une maladie non identifiée. Une partie importante pense également que Bola Tinubu a bien plus de 70 ans.

Lagos, le cœur économique du Nigéria, a été gouvernée pendant huit ans (1999-2007) par l’homme politique portant l’intemporel chapeau traditionnel Yoruba. Il était autrefois un homme d’apparence frêle qui vivait dans l’ombre, mais il y avait encore beaucoup de pouvoir.

Mais il y a eu une surprise dans cette élection présidentielle : Peter Obi a battu de justesse Bola Tinubu à Lagos, prouvant qu’il n’y est pas aussi apprécié qu’il le prétend.

Mais au Nigeria, le clientélisme est encore omniprésent. Bola Tinubu est un stratège qualifié qui est largement considéré comme la personne en charge de toutes les nominations politiques dans son sud-ouest natal et ailleurs. Pour beaucoup, l’arrivée au pouvoir de Muhammadu Buhari en 2015 et sa réélection en 2019 ont été rendues possibles par son influence. Il était connu comme le « faiseur de rois » pour cette raison.

Après deux mandats marqués par l’explosion de la pauvreté et de l’insécurité, Bola Tinubu, qui sera couronné à son tour, succèdera à l’ancien général d’armée et aura la lourde tâche de remettre la nation sur les rails. Le « parrain » a promis que la sécurité et la relance économique seraient ses principales priorités. Cela comprenait la fin des subventions aux carburants, un sujet très délicat au Nigeria.

Élite de plus de 70 ans considérée comme corrompue

Il s’attribue la transformation spectaculaire de la mégalopole de 20 millions d’habitants au cours de ses deux mandats, provoquée par l’afflux d’argent étranger, et y souligne ses réalisations.

Cependant, selon Udo Jude Ilo d’Osiwa, Bola Tinubu se débat toujours avec la perception qu’il appartient à une vieille classe politique à court d’idées, présente depuis trop longtemps sur la scène politique, ce qui est perçu comme un défaut.

En particulier à la lumière de la répression brutale d’une manifestation contre la brutalité policière en octobre 2020, qui a révélé le fossé entre une génération de jeunes en quête de représentation et une élite septuagénaire prétendument corrompue.

La fortune du « Boss », dont la source et la taille exacte sont inconnues, est également très discutée. Il est considéré comme l’un des hommes les plus riches du pays et détient des actions dans diverses entreprises, notamment celles des médias, de l’aviation, des hôtels et de l’immobilier.

De nombreuses personnes l’ont accusé de corruption et de blanchiment d’argent, notamment après que la justice américaine l’ait impliqué dans une importante opération de trafic d’héroïne dans les années 1990 dans le pays, ce qu’il a toujours nié. Son slogan de campagne, « Emi Lokan », était constamment répété. C’est mon tour” ne l’a pas aidé à se débarrasser de sa réputation d’homme avide de pouvoir.