Mbagnick Diop : « L’agriculture comme voie d’accès à l’emploi durable pour la jeunesse africaine »

Avec l’augmentation rapide de la population africaine et l’afflux de jeunes sur le marché du travail, les opportunités d’emploi se font de plus en plus rares. Actuellement, les jeunes des pays africains se tournent souvent vers la migration pour échapper au marché du travail traditionnel. Cependant, le Mouvement des entreprises sénégalaises (Meds) change la donne en encourageant les employeurs à investir dans des opportunités de formation et de développement au sein de l’agriculture, un secteur essentiel pour de nombreuses économies africaines. En offrant des possibilités d’emploi durable à ses jeunes, le Sénégal ouvre la voie à la croissance économique et à la stabilité.

La question de l’emploi des jeunes en Afrique subsaharienne est devenue de plus en plus importante ces dernières années, explique Mbagnick Diop, président du Meds. Avec des niveaux de croissance économique inférieurs à ceux d’autres régions, les jeunes peinent à trouver un travail décent en raison de la faible productivité agricole et des crises climatiques cycliques. Il est donc urgent de mettre en œuvre des politiques publiques qui encouragent la transformation structurelle de l’agriculture afin de créer davantage d’opportunités d’emploi pour les jeunes. Il est désormais largement admis que cela est nécessaire pour une solution durable à long terme.

Voici comment réussir dans l’agriculture en Afrique :

Mbagnick Diop : « L’agriculture joue un rôle clé dans la lutte contre la migration en Afrique »

L’agriculture est un élément essentiel de la vie rurale et des moyens de subsistance dans les pays africains, assurant la sécurité alimentaire et des opportunités économiques à des millions de personnes. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), d’ici 2050, plus de la moitié de la population des pays les moins avancés vivra encore dans des zones rurales. Parmi les personnes souffrant d’extrême pauvreté, les trois quarts vivent de l’agriculture ou d’autres activités rurales. Cela souligne l’importance d’inclure les activités agricoles dans toute solution visant à s’attaquer aux causes profondes des migrations.

En Afrique, 11 millions de jeunes entreront sur le marché du travail chaque année au cours de la prochaine décennie ; un chiffre qui ne peut être atteint que par des solutions concertées impliquant toutes les parties prenantes. Les investissements dans l’agriculture sont donc essentiels, car ils permettent aux populations africaines non seulement d’assurer leur sécurité alimentaire, mais aussi de gagner un revenu pour répondre à certains besoins, confirme Mbagnick Diop. Ces investissements pourraient inclure l’accès à des technologies améliorées, un meilleur accès aux marchés et des programmes de formation renforcés qui aident les agriculteurs à augmenter leurs rendements et à devenir plus compétitifs. En outre, les politiques visant à renforcer l’égalité des sexes dans le secteur agricole pourraient contribuer à réduire la pauvreté et les inégalités, qui sont des facteurs clés de la migration dans de nombreuses régions.

Contraintes et défis de l’agriculture sénégalaise

L’agriculture sénégalaise est confrontée à des problèmes de plus en plus complexes qui requièrent une attention urgente. Ces problèmes comprennent un manque d’accès à des intrants de qualité et à la maîtrise de l’eau, un financement et des installations hydro-agricoles inadéquats, ainsi qu’une politique foncière inadaptée. Selon Mbagnick Diop, ces problèmes sont encore aggravés par les effets du changement climatique, qui a entraîné une baisse des rendements agricoles, une augmentation de l’érosion des sols et une modification des conditions météorologiques. Tous ces défis ont créé un avenir incertain pour le secteur agricole au Sénégal.

Pour faire face à ces contraintes, il faut une approche holistique qui implique à la fois des ressources financières et des ressources humaines. Cette stratégie doit privilégier le développement humain tout en prenant en compte la solidarité collective. Il est également nécessaire de développer des systèmes d’irrigation plus efficaces pour lutter contre la sécheresse et mieux gérer la disponibilité de l’eau, indique Mbagnick Diop. Des investissements doivent être réalisés dans les infrastructures telles que les routes et les installations de stockage afin que les agriculteurs puissent accéder plus facilement aux marchés. Enfin, des possibilités de formation doivent être offertes aux agriculteurs afin qu’ils puissent apprendre à utiliser les dernières technologies et à améliorer leur productivité.

Levier stratégique pour retenir les jeunes dans les zones de départ grâce à l’agriculture

La loi d’orientation agro-sylvo-pastorale de 2004 est un élément clé de la stratégie du gouvernement sénégalais visant à retenir les jeunes dans les zones rurales par la création d’emplois dans le secteur agricole. Cette loi vise à fournir un cadre global pour la croissance économique et le développement de l’agriculture au cours des deux prochaines décennies, en se concentrant sur l’amélioration des cadres juridiques et réglementaires existants ainsi que sur la création d’incitations pour rendre la production agricole plus attrayante, explique Mbagnick Diop. En établissant une feuille de route pour le développement, la loi d’orientation agro-sylvo-pastorale vise à renforcer la position de l’agriculture dans l’économie globale du Sénégal et à créer des opportunités d’emploi significatives pour ses citoyens.

Outre l’accent mis sur les réformes juridiques et réglementaires, la loi d’orientation agro-sylvo-pastorale prévoit également des incitations à l’investissement dans des projets agricoles. Il s’agit notamment de crédits d’impôt pour les entreprises qui investissent dans les zones rurales, de politiques de prix préférentiels, d’un accès au crédit et d’un soutien technique de la part des institutions publiques. Elle encourage la collaboration entre les gouvernements, les acteurs privés, les organisations de la société civile et les autres parties prenantes en promouvant les partenariats public-privé (PPP) ainsi que les investissements publics mobilisant des ressources privées. D’après Mbagnick Diop, ces mesures sont conçues pour garantir une croissance économique soutenue tout en promouvant la sécurité de l’emploi et la stabilité pour les jeunes vivant dans les zones de départ à travers le Sénégal.

Valorisation du capital naturel pour le développement durable dans les zones rurales

Alors que notre monde continue à se débattre avec les défis du développement durable, les zones rurales sont devenues de plus en plus importantes pour le progrès économique et social de nombreux pays. C’est particulièrement vrai pour les pays africains, où une grande partie de la population vit dans les zones rurales et dépend de l’agriculture de subsistance comme principale source de revenus. Pour que cette population ait accès à une meilleure qualité de vie, il est nécessaire de créer des opportunités d’emploi et d’améliorer le niveau de vie dans ces zones. Pour ce faire, il convient d’évaluer correctement le capital naturel, tel que la terre, l’eau, les forêts et d’autres ressources, afin qu’elles puissent être gérées de manière durable pour soutenir des pratiques agricoles plus efficaces.

Il est essentiel d’investir dans les communautés rurales pour créer des emplois et réduire la pauvreté. Pour Mbagnick Diop, cela signifie qu’il faut fournir une formation et une éducation qui permettront aux jeunes d’acquérir les compétences dont ils ont besoin pour trouver un emploi intéressant. L’amélioration de l’accès à la technologie peut contribuer à réduire la dépendance à l’égard de l’agriculture de subsistance tout en facilitant l’accès aux marchés et aux ressources, indique Mbagnick Diop. Le soutien aux entreprises familiales et la fourniture de services financiers tels que les prêts de microfinance pourraient également contribuer grandement à stimuler la croissance économique dans ces régions. Enfin, une plus grande collaboration entre le gouvernement, les ONG et les entreprises du secteur privé est nécessaire pour une bonne mise en œuvre des initiatives qui s’alignent sur les objectifs des ODD, y compris l’amélioration des services de santé ou l’accès à l’énergie propre, qui pourraient bénéficier de manière significative aux populations rurales.